Au coeur du Languedoc, Sète marie l’héritage de ses traditions maritimes et de ses saveurs méditerranéennes avec une riche animation culturelle et de loisirs. Ses canaux, son phare qui donne le vertige, ses petits ports et ses quartiers pittoresques font sa richesse. Au panthéon de ses illustres habitants figurent Georges Brassens et Paul Valéry, alors que ses fameuses joutes des chevaliers sur l’eau sont l’âme de toute une ville.
Texte et photos: Roger Juillerat
Il y a le Sète des traditions maritimes dont ses fameuses joutes de la Saint-Louis, le Sète gourmand, les plaisirs des plages, le Sète des festivals, un archipel de découvertes et de sensations, la cité de la pêche, la richesse de la culture, qui a vu naître et mourir Georges Brassens, un des plus grands de la chanson française. Qu’il fait bon faire escale dans cette ville posée sur l’eau, au coeur du Languedoc-Roussillon.
Partir à la conquête de ses quais, lever les yeux vers les immeubles colorés qui bordent ses canaux, prendre de la hauteur sur le belvédère de la colline de Saint-Clair et parcourir la Corniche, c’est le bonheur assuré pour ceux et celles qui ont décidé de passer quelques jours dans ce bijou ancré en Méditerranée. Qui plus est, Sète a une âme et un grand coeur, et ses habitants sont chaleureux. La passion de la mer rythme la vie de la cité. De l’étang de Thau à la Grande Bleue, pêcheurs, marins et ostréiculteurs ont en commun cet univers iodé, source de richesse et d’un art de vivre du sud.
Les chevaliers sur l’eau
Chaque été, la ville redonne ses lettres de noblesse aux joutes de la Saint-Louis, un tournoi de chevaliers sur l’eau. Vêtus de blanc et équipés de lance et de pavois, ils s’affrontent sur les canaux devant des milliers de personnes. Elles sont profondément ancrées dans la vie des Sétois, avec les 800 licenciés des sept sociétés qui y participent. Et le jour de la Saint-Pierre, patron des pêcheurs, on rend hommage à ces derniers. De la retraite aux flambeaux aux cortège de bateaux pavoisés pour la bénédiction en mer des marins disparus, le spectacle est intense, solennel et haut en couleurs.
Reste que tout au long de l’année, on est plus pêcheur que marin. Entre la mer et l’étang de Thau, la richesse des fonds marins donne à la cité son attrait si particulier. Et chaque après-midi, le retour des chalutiers vers le sport est un moment magique qui se prolonge par la vente aux enchères à la criée aux poissons. De la passerelle à la salle des machines, il est d’ailleurs possible de se rendre compte de ce travail quotidien en embarquant sur l’embarcation de Louis Nocca, qui est parti à la pêche durant 35 ans et a décidé un jour de transformer son chalutier en musée à quai avec aquarium, panneaux explicatifs et vidéo sur la vie en mer. Il est tellement sympa Louis qu’il ne fait pas louper d’aller lui rendre visite.
De beaux points de vue
Il y a quatre manières de bien se rendre compte de la configuration de Sète, une ville plutôt jeune puisque c’est le roi Louis XIV en personne qui choisit le lieu, avec son ministre Colbert, pour relier le canal du Midi à la Méditerranée en 1666. Elle se développa donc autour de ce cap et on le découvre parfaitement en grimpant sur le Mont Saint-Clair. Haut de 183 mètres, ce belvédère offre un panorama exceptionnel sur la ville, quadrillée par ses canaux et construite entre mer et étang.
Ce n’est pas mal non plus depuis le cimetière marin, où est enterré le poète Paul Valéry, au Panthéon des illustres Sétois. Sur le port, il vaut la peine de monter sur le phare Saint-Louis (33,5 m.). Il est implanté sur la plus ancienne construction importante de Sète et à sa base est gravé ce texte de Paul Valéry: «Son œil mobile mêle aux éclairs de périls l’eau riante et la danse infidèle des vagues». Enfin, la cité a beaucoup de charme quand on la découvre depuis le large avec Sète-Croisères et ses balades commentées dans les canaux, les ports, la côte rocheuse ou encore vers les parcs à coquillages de l’étang de Thau.
Pointe courte
Mais ce qu’il ne faut surtout pas manquer à Sète, c’est Pointe courte, son petit phare, sa rue Georges Brassens, ses cabanes de pêcheurs, dont celle justement où le chanteur allait retrouver ses amis. Avec ses maisonnettes aux façades colorées, son labyrinthe de ruelles et ses filets qui sèchent le long des quais, ce quartier a vraiment un cachet hors du temps.
Des scènes du premier film d’Agnès Varda y ont été tournées, notamment aux alentours du bar-restaurant « Le Passage », dans lequel se trouvent des photos du tournage et de la fameuse série policière « Candice Renoir », qui a aussi ses bases dans la ville portuaire. Car le cinéma et la télévision ont toujours adoré l’île singulière, devenue l’une des plus filmées de France. Plus qu’un simple décor attractif, la ville est devenue un lieu de création tous azimuts: films, téléfilms, documentaires, séries, courts- métrages… Sa lumière, son dédale de canaux, son port et ses bateaux, ses gueules, forment un décor naturel à la beauté atypique qui inspire les auteurs. Et sa politique d’accueil des tournages séduit les producteurs et convainc les diffuseurs.
Quand on vous disait que Sète a vraiment un cachet magnifique et tout particulier. – R. Jt
Hommage à Georges Brassens
« Pauvre Martin », « La mauvaise réputation, « Je me suis fait tout petit », « Il n’y a pas d’amour heureux », « Les Copains d’abord » et bien d’autres: qui n’a pas une fois chantonné une chanson de Georges Brassens (1921-1981), l’enfant de Sète? On est ému quand on arrive devant sa tombe et on est heureux de visiter, face au cimetière où il repose, l’Espace qui est dédié au poète musicien. Car c’est un musée vivant où on plonge dans son univers sonore et visuel, lui-même vous guidant en quelque sorte sur les chemins de sa vie et de son oeuvre. Pour clôturer la visite, films et récitals inédits sont projetés dans la salle vidéo, et une boutique présente tous ses disques, des livres et des photos.
Du côté de Pointe courte, où Brassens allait justement retrouver ses copains, il y a sa rue et la cabane dans laquelle il aimait passer du bon temps avec eux. C’est un lieu mythique, qui a conservé son état sauvage au bord de l’étang de Thau. Avec un alignement de cabanons de pêcheurs faits de bric et de broc. On y découvre un humour bien particulier, comme le suggèrent tous ces panneaux sur les maisons, truffés de calembours, à l’instar des paroles de quelques-unes de ses chansons.
Patrimoine culinaire et produits d’exception
Sur l’île singulière, l’art de la table est aussi un art de vivre. Aussi délicieuse que populaire, la gastronomie de Sète et de ses alentours est riche de produits d’exception. Rares sont les villes à pouvoir se vanter d’un tel patrimoine culinaire et les spécialités sont issues pour la plupart des recettes de mammas italiennes venues s’installer dans la ville et la région: macaronade, moules et encornets farcis, bourride de baudroie, seiche à la rouille, coquillages de la lagune de Thau et, bien sûr, la fameuse tielle sétoise. C’est une petite tourte garnie de poulpe en sauce tomate épicée à la base. On la trouve notamment chez Giuletta (Avenue Victor Hugo 29), maison réputée, qui la recouvre aussi de rosaces d’aubergines frites et saupoudrée de parmesan pour sa spécialité ou la revisite en tielle mozarella avec des olives noires: un régal.
L’autre trésor, ce sont les huîtres et moules de Bouzigues, le petit village en face de Sète, de l’autre côté de l’étang de Thau. Avec des palourdes, escargots de mer, tellines, elles s’épanouissent dans un écosystème privilégié grâce au savoir-faire des paysans de la mer. Il est d’ailleurs possible de visiter des fermes marines et suivre le travail des ostréiculteurs (infos à l’Office du tourisme). Et il ne faut pas oublier toute cette pléiade de poissons que l’on trouve tous les matins dans les halles centrales et dans des marchés au coeur de la ville, sur la Corniche et au Quartier du Théâtre, à ne pas manquer.
De bonnes tables
Bien entendu, les restaurants pour déguster toutes les spécialités du crû ne manquent pas, avec quelques bonnes tables. Entre autres La Coquerie, une * Michelin, où Anne Majourel parle de sa cuisine comme « le goût de la passion pour la passion du goût » (Chemin du Cimetière Marin 1). La Brasserie des Arts aussi, située dans les jardins du musée Paul Valéry, sur les hauteurs de la ville. La Méditerranée, sur le quai Maximilien Licciardi, où Fouzia Sakrani prépare des plats de la mer savoureux. Sympa, le Bistrot du Pêcheur, quai Général Durant 12, avec son choix de poissons. Et si vous voulez ramener à la maison une excellente soupe de poissons, vous la trouverez chez Azaïs-Polito (Parc aquatechnique, rue de Bruxelles 15). Avec ses trésors gourmands des produits de la mer. – R. Jt
Infos pratiques
Y aller: pratique en TGV via Lyon, Valence et Montpellier. En voiture avec l’autoroute du Sud en direction du Languedoc-Roussillon et de l’Espagne.
Couettes: le Grand Hôtel, 17 quai Maréchal de Lattre de Tassigny, avec une vue superbe sur les canaux, www.legrandhotelsete.com. L’Hôtel de Paris, également à proximité des canaux, 2 rue Frédéric Mistral, www.hoteldeparis-sete.com. L’Orque bleue et sa super décoration, 10 quai Aspirant Herber, www.hotel-orquebleue-sete.com.
Culture: visiter aussi le Musée de la mer, rue Jean Vilar 1, situé en balcon sur la Méditerranée, avec notamment une collection sur les joutes sétoises.
A venir: « Escale à Sète », du 27 mars au 2 avril 2018, la grande fête des traditions maritimes, qui accueillera les plus grands voiliers du monde dont le fameux Hermione, la frégate de la liberté, une réplique du navire de guerre français en service de 1779 à 1793, reconstruite dans l’ancien arsenal de Rochefort à partir de 1997 et qui a pris la mer le 7 septembre 2014.