Travailler n’est peut-être pas le terme exact dans le cas de Darwin Dadò. «Conduire des cars postaux, qui plus est dans une région aussi belle que le Tessin en général et le val Verzasca en particulier, représente une vraie passion», précise Darwin Dadò. Et cette passion, il nous l’a fait partager lors d’une magnifique journée en nous indiquant ici et là quelques-unes des principales curiosités du val Verzasca.
Un excellent chauffeur
Célèbre pour son pont en pierre de Lavertezzo et les eaux limpides aux reflets de couleur émeraude de la rivière Verzasca, le val du même nom abrite également le village de Corippo. Considéré par de nombreux écrivains comme l’un des plus charmants du Tessin, il vaut incontestablement le détour, ne serait-ce que pour sa position, accrochée à l’une des montagnes qui surplombe le lac de Vogorgno, et son patrimoine architectural d’importance nationale.
«Avec ses 12 habitants, Corippo est le village le moins peuplé de Suisse», nous explique Darwin Dadò. En entendant notre jeune chauffeur évoquer les particularités de ce charmant hameau, deux touristes alémaniques décident sur le champ d’aller le visiter et demandent à Darwin Dadò la meilleure façon de s’y rendre à partir du prochain arrêt du car postal. Visiblement ravi de les aider, il leur indique le chemin à suivre avant de leur souhaiter une agréable excursion. Indiscutablement, les cars postaux tiennent en ce jeune membre des Routiers Suisses un excellent chauffeur.
Cela nous est confirmé par l’un de ses employeurs, Emanuele Chiesa, représentant de la troisième génération de l’entreprise Chiesa Bus fondée il y a plus de 90 ans: «Darwin est un jeune homme à la fois dynamique et très éveillé. On voit tout de suite qu’il aime son métier et qu’il prend vraiment beaucoup de plaisir à offrir le meilleur service possible à ses passagers.» Et ceux-ci lui expriment parfois leur reconnaissance en lui offrant des cadeaux.
Des passagers qui offrent des cadeaux
«Juste avant les fêtes de fin d’année, une cliente régulière d’un certain âge m’a en effet offert des biscuits de Noël qu’elle avait préparés elle-même. Ils étaient délicieux», raconte Darwin Dadò dans un large sourire. Mis à part ces cadeaux, les autres côtés positifs de sa profession peuvent se résumer comme suit: son utilité saute immédiatement aux yeux de la clientèle. Un chauffeur qui transporte par exemple des produits laitiers pour de grands centres commerciaux effectue lui aussi un travail extrêmement utile, il n’entrera cependant pas directement en contact avec le client final. Il en va bien différemment pour un chauffeur de car postal. Pour certains des habitants de la vallée, le bus constitue le seul moyen de déplacement. «C’est le cas d’un aveugle qui habite à Vogorgno. Il s’agit d’une personne exceptionnelle que j’ai fréquemment l’occasion de transporter», relève Darwin Dadò.
Devant le barrage de James Bond
Parmi les côtés négatifs de la profession, notre jeune chauffeur évoque l’impatience de certains automobilistes: «Certains se dépêchent de passer en force ou de nous dépasser à tout prix», regrette-t-il. Ces inconvénients ne pèsent cependant pas bien lourd face au privilège d’exercer sa profession-passion dans l’une des plus belles régions du Tessin. Une région dont le charme a également séduit les réalisateurs de la série des James Bond. La scène inaugurale* de Goldeneye, le 17e opus de la saga, a en effet été tournée au barrage de Contra, à l’entrée du val Verzasca. A l’image de nombreux touristes qui y passent leurs vacances en été, Pierce Brosnan, le cinquième acteur à interpréter le rôle de James Bond, y effectue un saut à l’élastique depuis le sommet du barrage.
«Parfois, j’ai l’impression moi aussi d’être en vacances tellement la région est belle», nous confie notre jeune chauffeur avant de s’arrêter juste devant le barrage de James Bond. On le comprend aisément. Nous aussi avons l’impression d’être en vacances chaque fois que nous nous déplaçons au Tessin pour effectuer un reportage!
Laurent Missbauer