LIBAN 4 août 2020 – Tragique anniversaire

Tristesse et déchirement

Texte et photos de Georgika Aeby-Demeter

© photos AFP

Le 4 août, il y a un an, Beyrouth la capitale du Liban renouait avec la tragédie ! Partie du port, une double explosion a saccagé la ville qui s’était obstinément relevée de ses cendres après 15 ans de guerre et des décennies de lutte pour se reconstruire… Ce 4 août 2020, la sidération a été immense et la stupéfaction dépassant l’entendement !  Aujourd’hui encore, touché au cœur, une année après, le Liban n’a pas bouclé son chemin de souffrance ! Regards.

Les Libanais sont à présent les otages d’un quotidien qui leur échappe inexorablement… Ce drame supplémentaire dans un pays en complète détresse économique, en une période de grande crise politique et financière, plongé dans une violente dépréciation monétaire, en plus de la pandémie qui frappe le monde, c’en est trop ! Et le cyclone qui a saccagé les immeubles, brisé les vitres et dévasté des vies n’en finit pas de souffler… A l’instar de L’Orient-Le Jour, le quotidien de langue française enjoignant la population à réagir, dans un même élan, les Libanais avaient déblayé, nettoyé, balayé les gravats et, clamé haut et fort leur volonté de rester debout ! Las, face aux adversités, la résilience vacille, s’estompe, perd pied graduellement. Si le panier de la ménagère peine à se remplir et les rayons des pharmacies manquent de médicaments, privés d’essence, d’électricité … rançonnés de toutes parts, où puiser cette force dont les Libanais ont toujours fait preuve ? Les jeunes quittent le pays pour tenter de se forger un avenir et, les autres, détenteurs d’un diplôme à faire valoir à l’étranger – notamment, dans le domaine de la santé – font de même ! 

Partout dans le monde les images avaient déferlé, ce 4 août, incroyables, puissantes, dévastatrices, le chaos était dantesque ! En l’espace de quelques petites minutes, le Liban s’était transformé en un chantier de cauchemar. En un espace d’horreur. L’enfer, c’est ici. Le pays qui chante le Cantique des Cantiques, celui dont les ancêtres ont inventé la pourpre, l’alphabet et la navigation, qui, à l’ombre des cèdres légendaires, a poussé l’art de l’accueil à la perfection et cultive l’hospitalité comme une vertu, le Liban des paysages bibliques, des montagnes, du lait et des légendes n’est pas fait pour cette désolation. Il ramassera les débris de sa vie pour retrouver sous les décombres ce qu’on appelait, jadis, le miracle libanais. Encore une fois, encore et encore ! On y croit. Toujours.

Entre mer et montagne, si le Liban possède une multitude de curiosités touristiques, historiques et culturelles, son meilleur atout reste sa population qui charme et séduit par une fibre généreuse et passionnée et sa poursuite trépidante aux plaisirs gourmands, mondains, et nocturnes qu’elle seule a su créer. Des plages comme en Floride, des palaces, des enseignes de marque… restaurants, pubs, night-clubs ne se comptent pas. D’inspiration locale ou à la pointe des tendances, ils sont toujours complets et, ici, on vous sert à toute heure ! De Monot à Gemmayzé, en passant par Verdun et Hamra ou, au centre-ville, Beyrouth c’est la fête ! Pour le reste, les femmes sont élégantes et les hommes flamboyants, la circulation démente, Beyrouth est too much et on adore ! On n’a jamais cessé de flamber, mais aujourd’hui, les larmes cachées remplacent la légèreté ! Si les lieux festifs sont bondés – pour conjurer le sort on sort et on se rassemble – même si le cœur n’y est pas, pour donner le change !  Le Liban reste debout ! Envers et contre tous.