Bulgarie: D’une capitale à l’autre…

De Sofia à Gabrovo et environs, en passant par Veliko Tarnovo, voyage en terre bulgare

Le théâtre national Yvan Vazov, bâtiment emblématique de Sofia.

Le théâtre national Yvan Vazov, bâtiment emblématique de Sofia.

Destination touristique prisée de l’ancien bloc de l’Est, la Bulgarie compte de nombreux atouts. Entre une nature préservée, des sites et monuments témoignant d’une riche histoire, des possibilités balnéaires ou de randonnées, des villes vertes et dynamiques, une nourriture goûteuse et de très bons crus… ce pays aux confins du Sud-Est de l’Europe se décline en plusieurs tableaux attractifs. Incursion dans trois capitales du plus oriental des Etats slaves, l’officielle, l’ancienne et une autre d’un type particulier…

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Insolite. Ceinturée de bâtiments gouvernementaux, l’église de la Rotonde St-Georges, dans la capitale.

Sofia, Veliko Tarnovo, Gabrovo. Trois villes qui partagent un point commun: le statut, actuel ou passé, de capitale. Trois reflets d’une Bulgarie aux multiples charmes. Atmosphère européenne dans Sofia la verte, s’étirant au pied de son emblématique montagne Vitocha. Un massif au large dôme qui veille du haut de ses 2290 mètres sur la capitale, forte de quelque 1,3 million d’habitants. Comptant de nombreux parcs et jardins, traversée de vastes et belles allées balisées de réverbères, la cité – aux spécifiques pavés couleur ocre – invite à la flânerie. A la découverte d’édifices aux différents styles hérités du renouveau national, de la Belle Epoque, d’un néoclassicisme européen audacieux. Le regard attiré par les bulbes d’églises ou d’ostentatoires bâtiments de l’époque communiste. Déambulant le long de l’avenue commerçante piétonne Vitocha avec ses terrasses accoudées les unes aux autres, ses animations de rue…

Serti dans un écrin de verdure, le village de Bojentsi, au nord de Gabrovo.

Serti dans un écrin de verdure, le village de Bojentsi, au nord de Gabrovo.

Histoire vivante

Parmi les incontournables de la ville, la cathédrale Saint-Alexandre Nievski, la plus grande des Balkans, construite en 1913. Fastueux décor de marbre, d’albâtre et de fresques caractérisent cet édifice néobyzantin, hérissé de coupoles dorées, dont la principale scintille sous 8 kilos d’or. «L’ouvrage a été érigé à la mémoire des soldats russes tombés durant la guerre de libération nationale, entre 1877 et 1878», explique Valentina Kovacheva, guide. Un chapitre de l’histoire bulgare qui sera souvent évoqué, les cinq siècles de domination ottomane ayant laissé de profondes traces et donnant toujours lieu à des hommages aux anciens héros bulgares de la résistance. Comme celui du 2 juin, en l’honneur du révolutionnaire Khristo Botev. Une journée marquée, à midi, par le hurlement des sirènes, la suspension de toutes activités, et une minute de silence. De quoi étonner le visiteur, régulièrement surpris par l’intérêt marqué des Bulgares pour leur histoire… «C’est une manière d’affirmer leur identité, doublée d’un sentiment d’avoir été traités de manière injuste» explique Boriana Peneva, ancienne journaliste travaillant aujourd’hui comme traductrice. «L’attachement au passé s’explique encore par le fait qu’on n’est pas satisfait de son présent. On cherche à le fuir. La Bulgarie est le pays le plus pauvre de l’UE», poursuit-elle, et de noter que d’innombrables personnes ont déménagé dans la capitale et deux millions immigré vers des pays de l’UE en raison du fort taux de chômage.

 

Musée au quotidien

En remontant aux racines de la ville, un tableau pour le moins insolite et contrasté: la petite église la Rotonde Saint-Georges, érigée au 4e siècle, ceinturée de massifs bâtiments gouvernementaux et d’un hôtel. D’autres vestiges romains témoignent de l’antique Serdica élevée sur un site thrace comme, sous la basilique Sainte-Sophie,  la mise à jour d’une nécropole. Ou encore, dans le passage souterrain devant le siège de l’ancien Parti communiste, accueillant désormais l’Assemblée nationale, des restes de fortifications, de dalles patinées par les âges et des colonnes reconstituées… Anachronique décor quotidiennement traversé par les Sofiotes. Retour à une époque plus contemporaine avec une viste au théâtre national Ivan Vazov (1906, du nom du célèbre écrivain et poète bulgare. Une construction emblématique de la capitale, à l’architecture seyant bien à sa fonction avec ses colonnes et tours décoratives blanche et bordeaux, faisant face à une vaste fontaine. Beaucoup d’eau aussi dans le parc fréquenté du Palais national de la culture. Une autre icône de la ville, massive et grave, héritée de la période communiste. Une époque qui, vu les difficultés économiques du pays et l’importante corruption, s’apprécie de manière nuancée. «Ni tout noir. Ni tout blanc. A l’époque, tous avaient du travail. On ne craignait pas les lendemains. Aujourd’hui les magasins sont pleins. On peut voyager. Mais les moyens manquent», relève Valentina Kovacheva, 73 ans, avant de tempérer. «La nostalgie du passé est toutefois plutôt liée à la jeunesse. Alors que la vie était encore devant soi.»

«Notre chapelle Sixtine»

Bulgarie_0071 [Largeur max. 1024 Hauteur max. 768]Paysage tendre et valloné à la large palette de verts… A 220 kilomètres à l’est de Sofia, Veliko Tarnovo. Une ville élevée, de 1185 à 1393, au rang de capitale, avant la conquête du pays par les Ottomans. En 1879, à la libération, le premier Parlement bulgare lui a toutefois préféré Sofia pour des raisons géostratégiques. Lovée au pied d’une ancienne forteresse construite au 12e siècle, la pittoresque cité médiévale de 84000 âmes n’en a pas pour autant perdu de son intérêt. Forte de son histoire – après les premiers habitants thraces, au 2e siècle avant J.-C., Romains, Byzantins et Slaves y ont laissé leurs empreintes –, elle rayonne toujours avec son fier château, ses charmantes maisons aux toits de brique accrochées au flanc de collines verdoyantes au-dessus des méandres du fleuve Yantra, son quartier des artisans ou encore une superbe nature environnante, terrain de randonnées et de belles découvertes. Comme l’église de la Nativité tapissée de 2000 icônes, dans le village d’Arbanassi – «notre chapelle Sixtine», commentera la guide Rumyana Pavlova.

Pour rire…

Changement de décor avec une incursion dans l’ancienne ville industrielle de Gabrovo, à une cinquantaine de kilomètres de Veliko Tarnovo. Une ville baptisée capitale de… l’humour avec son musée consacré à la thématique et à la satire, fondé… un 1er avril 1972,  et son carnaval. «Une de nos blagues? Celle du chat auquel on a coupé la queue pour que l’on puisse fermer plus rapidement la porte quand il veut sortir et ainsi préserver la chaleur de la maison», relate une jeune guide. Un ange décontenancé passe… Le chat amputé est devenu néanmoins un symbole de la cité susceptible de servir de point de chute intéressant pour visiter les environs, comme la superbe église du monastère Sokolski ou le village de Bojentsi. Un hameau où le temps s’est arrêté avec ses coquettes maisons de pierre et de bois sombre des 18e et 19e siècles aux intérieurs teintés d’orientalisme, ses ruelles pavées, sa pâtisserie à l’ancienne. A voir, la modeste demeure de grand-mère Raina ou celle des Popov, une famille de commerçants aisée, à la découverte de l’histoire de Minio Popov, réputé pour son avarice et auteur d’un recueil de blagues de Gabrov. Remarqué aussi dans le village, des «Martenizas» suspendues à des branches. Ces amulettes porte-bonheur tressées de fils rouge et blanc et portées traditionnellement par les Bulgares durant le mois de mars contre le mauvais œil –  même le Premier ministre souscrit, dit-on, à la tradition –  avant de les accrocher à des arbres fruitiers en formulant un vœu. Le nôtre serait de revenir dans ce beau pays…

BULGARIE_0142 [Largeur max. 1024 Hauteur max. 768]  Bulgarie_0159 [Largeur max. 1024 Hauteur max. 768] Bulgarie_0257 [Largeur max. 1024 Hauteur max. 768]  Bulgarie_0119 [Largeur max. 1024 Hauteur max. 768] Texte et photos Sonya Mermoud

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Vol Genève – Sofia et retour, avec la compagnie Wizzair, dès 100 euros, les vendredis et lundis.