Petite république du Caucase, l’Arménie séduit aujourd’hui les visiteurs par son dynamisme et sa modernité. Mais les traditions restent bien présentes. Chaque ville, chaque quartier, raconte sa propre histoire.
Texte: Romaine Jean / Photos: Comité national du tourisme arménien; Romaine Jean; Laif; Diego Delso.
Coopération / 17 juin 2019
Au printemps de l’an dernier, c’est par dizaines de milliers que les habitants d’Erevan, la capitale du pays, se sont réunis sur la place de la République, pour acclamer le nouveau premier ministre Nikol Pachinian, balayant, sans effusion de sang, le passé récent de l’Arménie. Erevan est aujourd’hui à l’image du pays: une ville qui croit en son avenir, une métropole étonnante, aux multiples visages.
Il n’est pas rare de voir le soir, dans les cours des immeubles, des retraités se regrouper pour des parties d’échecs. Ceux-là ont grandi dans un monde soviétique qui n’existe plus, où l’on vénérait poètes et artistes, dont on visite aujourd’hui les maisons-musées. Au centre-ville, les terrasses des cafés du quartier de la Cascade sont très prisées et les nuits y sont douces, à la saison d’été.
Des Arméniens de la diaspora syrienne, fuyant la guerre, ont ouvert restaurants, commerces et boîtes de nuit. Nous rencontrons l’un d’eux, Shant Kotchian, sur le toit-terrasse de son établissement le Paparazzi Club, fréquenté par la jeunesse branchée. A 36 ans, Shant est l’un des principaux animateurs de la vie nocturne et n’imagine plus quitter la capitale. Cette dernière, tout comme le pays dans son ensemble, est un mélange étonnant de traditions millénaires et de projets futuristes. Saint Grégoire l’Illuminateur fit de ce pays la première nation chrétienne de l’Histoire, en l’an 301 après Jésus-Christ.
A Zvartnots ou Tatev, les églises, monastères et pierres croix, plantées dans des paysages grandioses, rappellent le lien sacré de ce peuple avec son Dieu. Ne dit-on pas que le jardin d’Eden décrit dans la Genèse ressemble aux terres d’Arménie? Au bâtiment fortifié de Khor Virap, par beau temps, le mont Ararat semble si près qu’on pourrait le toucher.
«I love my country»
Le pays glorifie son passé mais se projette vers l’avenir. Sur les hauteurs de la ville, des milliers d’adolescents se retrouvent chaque semaine dans les studios high-tech du centre Tumo, financé par un couple de la diaspora de Dallas. On y apprend la robotique, la programmation informatique, devant les yeux de visiteurs ébahis.
Nane Sargsyan a 18 ans et fréquente le centre pour y créer des jeux vidéos. «C’est ma deuxième maison», dit-elle. Elle ira l’an prochain à l’Université de San Francisco. Puis, c’est sûr, reviendra en Arménie. «I love my country, dit-elle, je veux l’aider à se développer.»
Depuis l’effondrement de l’empire soviétique, l’Arménie s’est enfoncée dans la crise et sa population rêvait d’ailleurs. Aujourd’hui, la tendance est stoppée et le pays commence à attirer les jeunes de la diaspora, à l’image de Thénie Khatachatourov (22 ans) qui a quitté Genève il y a deux ans, pour se lancer dans le développement d’un réseau d’artisans. C’est l’amour qui l’a amenée à Erevan, après des études à l’Université de Lausanne.
Nous la rencontrons dans une des bonnes tables du centre-ville. «J’ai le cœur en Suisse et l’âme en Arménie», avoue-t-elle avec un large sourire. «J’aimerais amener ici un peu d’Helvétie.»
Infos pratiques
Se loger, se déplacer, manger
Où dormir
Il est très facile de se loger en Arménie, du 5 étoiles à l’auberge à 30 francs la nuit.
Hôtel Ibis Yerevan Center: hôtel trois étoiles, service de qualité. Entre 40 et 50 fr. la nuit
Central Hotel Yerevan: hôtel 4 étoiles, haut standing, à partir de 80 fr. la nuit
Hôtel Goris, à Goris, au sud du pays. Accueil chaleureux et cuisine délicieuse. Dès 49 fr. la nuit.
La cuisine est fraîche et colorée (en haut des mezzés). Le pays offre aussi nombre de possibilités d’activités en plein air, comme ci-dessus à Dilijan.
Où manger
La cuisine arménienne est toujours accompagnée de légumes et de fruits frais. Un grand nombre de plats sont communs à la Grèce, au Liban, au Moyen-Orient. L’abricot et la grenade sont les symboles du pays.
Quelques bonnes adresses:
- Pandok Yerevan, 91 Teryan St., Erevan: cuisine traditionnelle, budget moyen: 13 fr. par pers.
- Restaurant Lavash, 21 Tumanyan St., Erevan: excellente cuisine traditionnelle, prix moyen: 21 fr. par pers.
Comment y aller
Vols via Kiev, Vienne, Moscou, Athènes
Plus d’informations sur le pays
Le vin arménien
Un savoir-faire de plus de 6000 ans
L’Arménie est une nation viticole. Dans la région d’Areni, des archéologues ont même retrouvé des pépins de raisin datant de 6000 ans! Depuis dix ans, le secteur a connu une véritable renaissance. Une filière de formation des métiers du vin a été inaugurée, des caves équipées des dernières technologies sont ouvertes et un festival présente plus de 200 vins, chaque début mai, à Erevan.
Un bain de culture et de nature
A ne pas manquer dans la capitale et ses alentours
A Erevan
- La cascade: un monument de 118 mètres de haut, composé de jardins en terrasses. A l’intérieur, le centre d’art contemporain Cafesjian.
- Le Matenadaran: le musée des manuscrits. Plus de 16 000 parchemins et livres anciens. Visite guidée en français.
- Mémorial du génocide: 1,5 million d’Arméniens ont été massacrés sous l’Empire ottoman.
Près de la capitale
- Khor Virap: une vraie carte postale. Un monastère fortifié avec en arrière-fond le mont Ararat qui culmine à 5137 mètres.
- Tatev: un monastère classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour s’y rendre il faut emprunter un téléphérique construit par des Suisses. Paysages de verdure sublimes.
- Lac Sevan: le plus grand lac du pays, très prisé par les baigneurs en été.