Texte: Alex Décotte / Photos: Musée saharien et Alex Décotte
Niger, Mali ou même Sud algérien, l’époque n’est pas vraiment propice au tourisme saharien. Heureusement il existe, pas très loin de la Suisse, un petit coin de Sahara authentique et chaleureux, le Musée saharien du Crès, à deux pas de Montpellier. Créé voilà deux ans, il accueille déjà les spécialistes français et européens du Sahara ainsi que des groupes locaux ou régionaux de scolaires et d’adultes. Vous qui prendrez bientôt la route pour le Midi méditerranéen ou les plages de Catalogne, faites-y donc étape. Son créateur, Bernard Adell, vous accueillera en ami et vous ne vous lasserez pas de d’écouter ses commentaires passionnés en découvrant ses surprenantes collections.
L’histoire de Bernard Adell est déjà, en elle-même, une aventure. Le Sahara, il ne l’a découvert ni avec l’armée française (il était trop jeune), ni avec des ethnologues en mission scientifique. Non, le Sahara, il l’a d’abord parcouru sur les chapeaux de roues, en 1984, pour sa première et unique participation au Paris-Dakar ! Il est vrai qu’à l’époque il exploitait, à l’emplacement du musée, un grand garage et adorait la vitesse. La curiosité et la passion du Sahara lui sont-elles venues à bord de son bolide des sables ou sommeillaient-elles déjà dans le secret de ses origines sud-méditerranéennes ? Ce qui est sûr, c’est qu’il a eu le coup de foudre et que, depuis lors, il a traversé le Sahara dans tous les sens, poussant parfois jusqu’en Syrie, si chère à son cœur.
Le musée saharien est désormais l’essentiel de sa vie. Au fil des années, il a tissé des liens avec ceux qui, au sein de la Rahla (« les sahariens »), restent détenteurs de secrets, de documents et d’objets liés à l’histoire des peuples nomades et des explorateurs occidentaux.
Le musée comporte deux étages. On y pénètre par le niveau supérieur, largement consacré à l’exploration et à la présence françaises. De nombreux mannequins arborent des uniformes militaires originaux, naguère portés par les officiers français ou par les troupes supplétives locales. Dans les vitrines, des témoignages rares et touchants, en particulier la photo jaunie du général Laperrine, mort de déshydratation en 1920, suite à l’accident de son avion, à bord duquel il était parti à la recherche de la tombe de son ami Charles de Foucauld, assassiné quatre ans plus tôt.
C’est à l’étage inférieur qu’on s’approche avec émotion, dans une série de vitrines qui lui sont dédiées, des objets que la famille de Théodore Monod a confiés au musée. Explorateur, naturaliste et écologiste avant l’heure, Monod a parcouru le Sahara pendant près de 80 ans, publié une centaine de livres parmi lesquels, dès 1937, « Méharées, exploration au vrai Sahara ». Face au burnous qui fut le sien, on se prend à rêver d’une aventure qui donna définitivement au Sahara et aux Sahariens leurs lettres de noblesse.
Une grande place est également réservée à l’artisanat touareg (armes, serrures, parures, bijoux, sacs, selles, outres, etc.). De nombreuses pièces ont été confiées au musée par Jean-Claude Bourgeon, guide saharien reconnu et compagnon de route de notre ami, le photographe suisse Maximilien Bruggmann, qu’il a souvent accompagné dans les immensités nigériennes à la recherche de gravures rupestres, aujourd’hui inaccessibles et dont les plus beaux clichés devraient bientôt rejoindre à leur tour le Musée saharien.
Enfin, si la visite vous a convaincus au point de vous inciter à traverser le désert à dos de chameau, commencez donc par vous entraîner dans les environs ! A Balaruc-le-Vieux, l’association Dromasud possède plusieurs dromadaires et accueille petits et grands pour une première approche, suivie de belles balades en plein air.